1. Priorité aux équipes françaises
« ASO regarde le cyclisme international et continue de soutenir le cyclisme français », a résumé Christian Prudhomme. Comme tous les ans, les équipes françaises conservent un petit avantage sur leurs rivales au moment de candidater pour la Grande Boucle. Sur ces dix dernières années, neuf éditions ont débuté avec au moins cinq formations françaises au départ (même six certaines années). Cette préférence existe aussi pour le Tour d’Italie, qui a choisi Yellow Fluo (ex-Vini Fantini) plutôt que MTN-Qhubeka et IAM. Dans cette perspective, Bretagne-Séché a aussi profité indirectement de la disparition d’une autre équipe bretonne, Sojasun.
2. Les frères Feillu revanchards
Pour accroître la densité de leur effectif, les dirigeants de Bretagne-Séché ont recruté trois coureurs de Sojasun à l’intersaison : Anthony Delaplace, Christophe Laborie et Brice Feillu qui retrouvera son frère Romain, arrivé de Vacansoleil. «Ils ont tous les deux ont des revanches à prendre», estime Prudhomme. Ce constat résonne comme une belle promesse. Les deux frères ont connu les plus belles heures de leur carrière sur le Tour de France : en 2008, l’aîné Romain avait porté le Maillot Jaune une journée. L’année suivante, Brice avait remporté la première grande étape de montagne à Arcalis. Depuis, l’épreuve les a plus frustré : en 2011, Romain avait raté la victoire d’un cheveu lors d’un sprint massif à Redon (2e). En 2012, Brice avait pris la bonne échappée vers Bagnères-de-Luchon mais il n’avait pu rivaliser avec Thomas Voeckler. En 2013, Romain n’était même pas au départ et Brice était loin de son meilleur niveau, handicapé par une blessure au genou.
3. Un leader en devenir ?
Le choix de Bretagne-Séché n’est pas qu’une histoire française, selon les propos de Prudhomme qui pointe l’émergence de l’Argentin Eduardo Sepulveda. A 22 ans, ce dernier est un symbole de la mondialisation du cyclisme. Il a été formé au centre mondial du cyclisme de l’UCI, à Aigle (Suisse), à l’image des Erythréens Natnael Berhane et Daniel Teklehaimanot. Pour sa reprise la semaine dernière, il a pris la 6e place du classement général du Tour de San Luis (Argentine). L’effectif de Bretagne compte aussi le rouleur norvégien Vegard Stake Laengen mais il faudra surtout attendre les coureurs comme des animateurs d’étape tout au long du mois de juillet et même dès le mois de mars sur les routes de Paris-Nice. Sans la pression de devoir faire ses preuves.
«Magnifique»
Emmanuel Hubert (directeur sportif) : «C'est magnifique. C'est super pour l'équipe Bretagne-Séché Environnement en laquelle je crois énormément. C'est vraiment une histoire d'hommes, il y a un groupe formidable qui a ses valeurs. Et je sais que l'équipe répondra présente, avec les coureurs, mais aussi le staff, au Tour de France 2014. Maintenant, place au travail et aux résultats.»
Feillu : «J'ai pensé tout arrêter»
Feillu : «J'ai pensé tout arrêter»
Vainqueur de l'étape à Arcalis sur le Tour de France en 2009, Brice Feillu n'a pas été loin de mettre un terme à sa carrière. «J'ai eu des moments de doute et j'ai pensé tout arrêter», a-t-il déclaré.
«Brice Feillu, après la disparition de l’équipe Sojasun, vous avez tardé à trouver une équipe. Vous avez douté ?
Il est vrai que je voyais le temps passer et que le doute s’installait inévitablement. Les dirigeants de Bretagne-Séché étaient intéressés, mais il y avait des garçons comme Jean-Luc Delpech ou Gaël Malacarne, qui appartenaient déjà à l’équipe, qui pouvaient encore espérer avoir un contrat. Je connaissais Emmanuel Hubert depuis mon passage chez Agritubel et ça a certainement joué en ma faveur. Mais j’ai eu peur de rester sur la touche et de me retrouver en short. J’ai eu des moments de doute et j’ai pensé tout arrêter.
«Les coups durs se sont multipliés»
Depuis votre coup d’éclat à Arcalis en 2009, on attendait sûrement plus de vous…
Les coups durs se sont multipliés. Après cette année-là chez Agritubel, je ne me suis pas spécialement adapté chez Vacansoleil. La saison n’a pas été splendide. Ensuite, chez Leopard-Trek, je n’évoluais plus dans le même rôle. Je ne pouvais plus prétendre à un statut privilégié. Enfin, chez Sojasun, j’ai connu quelques pépins physiques. D’ailleurs, sur le Tour l’an passé, j’aurai dû abandonner avec mes problèmes de genou. J’ai forcé mais j’ai fini le Tour. J’ai tout fait au courage mais, avec le recul, c’est de repos dont j’avais besoin.
«Nous sommes seize coureurs et chacun a objectivement sa place» Votre équipe vient d’être sélectionnée pour le Tour. Vous avez déjà à l’esprit le mois de juillet ?
Je ne dois pas être le seul. Nous sommes seize coureurs et chacun a objectivement sa place. Nous sommes tous aptes pour le Tour. Mais il faudra convaincre pour gagner sa place. Personnellement, j’ai envie de prouver à mes nouveaux dirigeants qu’ils ont eu raison de me faire confiance. Je suis ici pour me relancer et cette invitation pour le Tour est la cerise sur le gâteau. C’est sans doute sur le papier une petite équipe mais il n’y a pas de coureurs moyens. Le potentiel est là ! J’ai envie de briller dès que possible. Même dès le Grand Prix d’Ouverture La Marseillaise (dimanche), même si on dit toujours que gagner cette course porte ensuite malheur.»
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